L’éther
L’homme a un besoin méconnu. Il a besoin de faiblesse. C’est pourquoi la continence, maladie de l’excès de force, lui est spécialement intolérable.
D’une façon ou d’une autre, il lui faut être vaincu. Chacun a un Christ qui veille en soi.
Au faîte de lui –même, au sommet de sa forme, l’homme cherche à être culbuté. N’y tenant plus, il part pour la guerre et la Mort le soulage enfin.
C’est une illusion de croire qu’un homme disposant d’une grande force sexuelle, lui, au moins, aura le sentiment et le goût de la force. Hélas, plus vivement qu’un autre pressé de se débarrasser de ses forces, comme s’il était en danger d’être asphyxié par elles, il s’entoure de femmes, attendant d’elles la délivrance. En fait, il ne rêve que de dégringoler dans la faiblesse la plus entière, et de s’y exonérer de ses dernières forces et en quelque sorte de lui-même, tant il éprouve que s’il lui reste de la personnalité, c’est encore de la force qu’il doit être soulagé.
Publié le 03/02/2012