Sonnet
J’ai peur de perdre la merveille
de tes yeux de statue et l’accent
que de nuit me pose sur la joue
la solitaire rose de ton haleine.
J’ai peur d’être sur ce versant
un tronc sans rameaux et désespère
de n’avoir fleur, pulpe, ni terre
pour le ver de mon tourment.
Si tu es mon trésor caché,
si tu es ma croix, mon chagrin mouillé,
si je suis le chien de ta seigneurie,
ne me laisse perdre ce que j’ai gagné
et vois ta rivière embellie
des feuilles de mon automne dévoué.
Frederico Garcia Lorca
Publié le 15/02/2012